La notation Laban est un système de notation du mouvement quotidien ou dansé sur partition, inventé par l'allemand Rudolf von Laban dans les années 1930 et depuis lors sans cesse développé.
La partition chorégraphique se présente sous la forme d’une portée verticale à deux colonnes (1). La ligne centrale qui les sépare (4) correspond à la ligne médiane séparant la moitié gauche de la moitié droite du corps humain : tout ce qui figure à gauche de cette ligne donne donc des informations sur les mouvements de la moitié gauche du corps (5), tout ce qui figure à sa droite, des informations sur les mouvements de la moitié droite du corps (6).
A chaque partie du corps humain est ainsi attribuée une colonne : immédiatement le long de la ligne verticale centrale, la colonne des appuis du côté gauche et la colonne des appuis du côté droit. A l'extérieur de la portée, la colonne des mouvements du bras gauche et la colonne des mouvements du bras droit (10).
Dans chacune de ces colonnes, on place des signes de direction qui vont indiquer dans quelle direction s'engage la partie du corps à laquelle correspond la colonne.
ex : si on place le signe "en avant" dans la colonne de l'appui du côté droit, le danseur va faire un pas en avant sur son pied droit.
Le temps se déroule du bas vers le haut selon une échelle définie, représentée sur la portée par des graduations reportées le long de la ligne verticale centrale (2) : les informations figurant sur une même ligne horizontale sont donc simultanées (3) et la durée du mouvement sera donnée par la taille des signes de direction : si le mouvement dure un temps, le signe de direction remplit l'intervalle qui sépare deux graduations ; si le mouvement dure deux temps, le signe de direction remplit l'intervalle qui sépare 3 graduations, etc...
Le projet d'ACAJOU est né d'une interrogation sur la façon dont les déficients visuels perçoivent l'espace, l'appréhendent, se le représentent et s'y engagent, et d'un désir de favoriser l'épanouissement de leur imaginaire corporel et spatial.
Il s'agit concrètement de rendre l'univers de la danse accessible à un public de non- et malvoyants, en proposant dans un premier temps des ateliers chorégraphiques mixtes - débouchant ou non sur la création de pièces présentées à un public - , mais aussi en travaillant sur l'accessibilité au spectacle chorégraphique et au patrimoine international des oeuvres majeures de cet art.
Les ateliers pédagogiques sont résolument ouverts aux voyants et déficients visuels, afin d'éviter tout enfermement sur le handicap et de favoriser les échanges entre des imaginaires différents.
Le travail s'articule autour de l'utilisation du système Laban comme support permettant d'appréhender le corps du danseur et sa projection dans l'espace environnant. Cet outil propose un moyen supplémentaire pour se représenter le mouvement et travailler notamment l'intrication entre les données spatiales et temporelles, ainsi que la latéralisation et le jeu des coordinations du corps. L'étude des partitions Laban conduit l'élève à intégrer tous ces éléments autour d'un schéma corporel d'emblée présent dans la portée.
Les premières notions de notation sont rappidement acquises par le débutant, l'approfondissement se faisant au fur et à mesure de l'enseignement de la danse. La concomittance de ces deux pratiques permet à l'élève d'acquérir plus rapidement une plus grande liberté de mouvement ainsi qu'une meilleure conscience de son corps, qu'il soit ou non déficient visuel.
Le but est de pouvoir proposer aux élèves voyants, malvoyants ou aveugles, des outils pour développer leur imaginaire corporel et des moyens pour pouvoir l'explorer et l'exprimer à travers leur danse. L'utilisation des partitions permet également d'apporter des éléments techniques précis dans le cadre d'un travail spécifique.
Le système de notation LABAN est en effet beaucoup plus précis et efficace que le langage verbal, car il transmet simultanément des informations sur le rythme et la coordination des différents mouvements du corps, et des informations sur sa situation dans l’espace. Les signes de notation proposent en eux-mêmes des outils pour se représenter le mouvement à effectuer et donc affiner sa perception corporelle tout en libérant son imaginaire.
Que l’on soit voyant ou non, l’acquisition d’une technique de danse (c'est-à-dire d'une certaine liberté dans l'exécution d'un mouvement de son choix) passe par la possibilité de se représenter mentalement le mouvement à effectuer, et de faire coïncider cette représentation mentale avec une perception corporelle. La notation LABAN, utilisée à des fins pédagogiques au cours de l’apprentissage de la danse, permet de construire cette conscience dès les premières séances.
Outre les ateliers réguliers, nous mettons en place différentes manifestations, visant à mieux faire connaître l'univers de la danse et à rendre le spectacle chorégraphique plus accessible aux déficients visuels.
Delphine Demont propose une visite ludique du lieu, visant à la découverte de l'univers quotidien des danseurs, par le biais des locaux et des matériaux qui les entourent, ainsi qu'à une expérimentation gestuelle dans certains endroits précis du bâtiment. La visite est organisée autour d'une initiation à la notation Laban à partir de partitions remises aux participants.
A partir de la rentrée scolaire de septembre 2006, la structure pédagogique de l'IDES accueille des ateliers hebdomadaires de danse contemporaine et/ou classique (selon la demande des élèves), chaque mercredi après-midi en dehors des vacances scolaires.
Deux horaires sont prévus : 13h00-14h30 et 15h-16h30 ; les groupes seront
constitués en fonction des âges et des voeux d'apprentissage des enfants.
Renseignements : 06 83 19 93 77
Pour la deuxième année consécutive, l’association ACAJOU propose, en partenariat avec micadanses, des ateliers chorégraphiques de danse contemporaine où se rencontrent des danseurs valides et des danseurs en situation de handicap visuel, de niveau débutant, amateur ou professionnel.
Ces ateliers sont animés par Delphine et José-Luis, danseurs contemporains également formés à la danse classique et à la danse Sévillenne (danse espagnole) ; nous proposons de travailler sur des thèmes spécifiques développés sur plusieurs séances, en gardant un même échauffement pendant environ 1 mois puis en proposant des ateliers d’improvisation, de composition, selon un travail plus ou moins guidé, selon la demande du public.
Afin de varier les méthodes de travail et de multiplier les moyens d’accès au mouvement, nous utilisons comme support pédagogique des partitions de danse transcrites en relief et en couleurs de façon à être lisibles par tous : cet outil (le système de notation du mouvement “Laban”) permet de construire un support tangible et ludique pour parler du corps et de son engagement dans l’espace. La lecture des partitions s’apprend très facilement, au fur et à mesure des ateliers de danse, et est toujours très étroitement liée aux exercices proposés.
Renseignements : 06 83 19 93 77
9 ateliers de 2h chacun le lundi de 19 à 21h à la cité des arts; Ateliers de 1h le samedi de 16h à 17h au Conservatoire du XVème arrondissement (classe des adolescents)
Pour plus d'informations: www.oclairdelalune.com ou écrire à acajouassoc@free.fr
11 séances de 1h le lundi de 13h30 à 14h30 à l’IDES, au second trimestre.
Le stage se déroule pendant un cours de musique : les mouvements effectués
pendant l’écoute de la musique seront notés sur des partitions (ex :
lever le bras droit vers le haut lorsqu’on entend le violon, serrer le
poing gauche quand on entend le piano…)
Les mouvements appris et travaillés selon différentes énergies constitueront
une base de données à partir de laquelle il sera possible
d’envisager:
Sur la base de ces propositions de mouvements pourront être travaillés le rapport entre le mouvement et la musique, la rythmique, l’intention du mouvement, l’écoute entre deux enfants…Photographies du stage de danse donné à l'IDES en 2005
RENSEIGNEMENTS: écrire à acajouassoc@free.fr
Ateliers le mardi matin de 10h à 13h / le lundi soir de 18h à 21h (calendrier ci-dessous).
RENSEIGNEMENTS: écrire à acajouassoc@free.fr ou visiter le site de micadanses.
Vérification de l’intérêt de l’utilisation du système LABAN comme outil pédagogique.
3 femmes non et mal-voyantes
Delphine Demont (étudiante en notation LABAN et initiatrice du projet), en présence de Noëlle Simonet (professeur de notation LABAN au CNSMDP), Odile Rouquet (kinésiologue) et Kyung-Eun Shim (étudiante en notation LABAN et en art-thérapie à Paris V)
présentation du projet ; présentation du système d’écriture LABAN ; lecture de partitions de transferts (= pas) ; lecture de partitions de bras ; coordination des deux partitions ; travail sur des musiques, des rythmes différents, travail dans des espaces et des orientations différent(e)s ; test de différents formats de partitions.
6 ateliers en mai-juin 2005.
construire un spectacle de danse avec 6 enfants âgés de 8 à 10 ans.
Télécharger le document ci-joint : LE SOLDAT ET LA BALLERINE
"J'ai eu la chance de pouvoir mettre en place ce projet alors que je commençais tout juste à danser et à enseigner. Je ne veux pas me spécialiser uniquement dans cette voie, mais ce travail m'ouvre vers de nombreuses possibilités artistiques et pédagogiques, toutes plus intéressantes les unes que les autres : je suis amenée à rencontrer des comédiens et metteurs en scène travaillant déjà avec des personnes déficientes visuelles et à collaborer avec eux. Il est également question d'organiser des visites au Centre National de la Danse, ainsi que des ateliers tactiles autour d'oeuvres chorégraphiques classiques ou contemporaines ; j'ai aussi rencontré une dessinatrice avec laquelle nous aimerions réaliser plusieurs petits livres tactiles pour des enfants aveugles...
Cette idée m'est venue en fin de 2ème année du cursus de notation Laban. Le système Laban est très facile à transcrire en relief, les signes géométriques sont très logiques, peu nombreux et aisément identifiables. L'organisation de la portée invite à la latéralisation ; de plus, la notation du mouvement est basée sur l'analyse de l'engagement du corps ou de ses parties dans l'espace et le temps : la portée propose ainsi un schéma corporel où le corps est d'emblée spatialisé et temporalisé, ce qui permet au lecteur d'avoir une représentation concrète du mouvement écrit.
Les malvoyants et les aveugles sont habitués à se représenter un mouvement à partir des explications verbales et donc à chercher les sensations les plus justes au lieu de se situer dans un rapport à l'image. Ils sont souvent plus rapidement précis que les voyants. Ce qui les retient est avant tout une certaine appréhension de l'espace, qui s'atténue au fur et à mesure qu'ils s'habituent à la configuration de la salle, mais aussi grâce à la confiance qu'ils peuvent trouver en la partition. Curieusement, le fait de faire ce qui est écrit les conduit souvent à faire de plus grands pas ou de plus grands gestes que d'ordinaire. La présence des autres n'est habituellement pas du tout un problème car ils ont une grande perception de leur situation dans l'espace. Ce qui semble rester difficile après ces premiers mois de recherche sont les déplacements sur des courbes ou des cercles non matérialisés, ou bien des déplacements rapides et importants.
Les ateliers que je propose s'organisent autour d'improvisations, de lectures et d'écritures. Chacun est invité à cultiver sa créativité, mais nous utilisons parfois de courts extraits de répertoire ou d'exercices adaptés à l'atelier (jusqu'à présent, principalement Mary Wigman ou Doris Humphrey). Les ateliers ne sont pas publics, mais j'aimerais beaucoup, par la suite, créer des pièces avec des déficients visuels ou en remonter d'après des partitions, ce qui serait encore un tout autre travail et tout aussi passionnant.
Je devrais normalement continuer à travailler avec les structures qui m'emploient actuellement et j'aimerais proposer mes activités dans d'autres établissements ; le travail pédagogique permet de garantir un revenu minimum et je le crois essentiel et très lié à mes autres activités, mais j'envisage aussi de poursuivre mon travail de notatrice auprès de Paco Décina, qui a obtenu une résidence de 3 ans à la Cité Universitaire à partir de septembre prochain. Le reste est encore incertain et se partage entre les créations sur lesquelles je travaille comme interprète ou chorégraphe, des projets de reconstructions chorégraphiques, et les projets que nous mettons en place avec le CND."
Article paru sur Top Famille, numéro 62, novembre 2005, p. 18
« Parcours atypique pour cette jeune fille de
25 ans : dès l’âge de 4 ans, elle se passionne pour la danse, mais dans
sa famille d’universitaires, pas question d’en faire un métier !
Direction Henri-IV pour une prépa littéraire : « ces trois années m’ont
enrichie, mais poussée à bout. Je me suis retrouvée à l’hôptal pour une
anorexie grave. Mon corps négligé était en colère. »
Grâce à la danse, elle réapprend à prendre possession de son corps, elle se
remuscle. « Au début, j’étais si faible que je pouvais à peine
esquisser les mouvements. Je devais recréer dans mon imaginaire la sensation
du bras qui se lève pour pouvoir amorcer le geste. » Cette sorte de
rééducation lui confèrera sans doute une sensibilité particulière à
l’égard de la danse utilisée comme moyen de se dépasser et de se
reconquérir.
Au hasard d’une rencontre, elle découvre une discipline artistique peu connue : la notation chorégraphique. Cette méthode inventée dans les années 20 par Laban, un danseur allemand, utilise, comme en musique, une portée pour écrire les mouvements avec précision et garder ainsi une trace écrite des chorégraphies. Elle décide d’intégrer le prestigieux CNSM (conservatoire national supérieur de musique ) pour devenir notatrice, et mettre ainsi la tête au service de son corps. Puis, Delphine a une intuition. Pourquoi ne pas adapter cette notation aux malvoyants ? Elle utilise la technique de thermogonflage. Sur un papier spécial elle trace les symboles de la notation. Une fois le papier passé au four, les dessins prennent du relief. A la recherche d’un financement, elle postule pour obtenir l’une des bourses Déclic Jeunes décernées par la Fondation de France à ceux qui mettent leur passion et leur excellence au service des autres. Elle fait partie des 22 lauréats et vient de recevoir 7500 €, qui vont lui permettre de développer son projet. Elle a déjà des contacts avec un éditeur qui s’apprête à éditer les partitions en relief et elle organise des ateliers chorégraphiques pour enfants ou adultes où sont invités à participer voyants et non-voyants. « Je pense que les non-voyants ont énormément à apporter à la danse. Ils ont un rapport au corps et à l’espace, une perception sensorielle différents des nôtres. » Un exemple ? au cours d’un atelier avec des enfants sur le thème du printemps, un de ses élèves aveugles propose de danser…le parfum d’une fleur ! une idée qu’un voyant n’aurait pas eue et la preuve, une fois de plus, qu’au contact des autres et de leurs différences, on ne peut que s’enrichir. » (Laurence Delpierre)
Source: www.topfamille.fr
Article paru dans l'hebdomadaire "la vie" numéro 3120, semaine du 16 juin 2005, p. 17
« Voix douce, geste gracieux, Delphine Demont danse avec les aveugles. Pas d’humanitaire, ni de charité dans la démarche de cette élève du Conservatoire National de Paris. Elle a appris à ne pas être condescendante. C’est plutôt sa passion de la danse qu’elle a envie de communiquer. Aussi a-t-elle mis au point pour les déficients visuels une méthode leur rendant accessible la notation Laban, cette écriture particulière des mouvements chorégraphiques. Les signes ont pris du relief, et les aveugles de l’assurance sur les parquets. Une initiative originale que la Fondation de France a récompensée en lui offrant, le 7 juin dernier, une Bourse Déclics, pour l’encourager à développer son action. Delphine l’assure, plus qu’une occupation, elle veut fournir aux non-voyants les moyens d’accéder à un art et d’en jouir, comme tout un chacun. » (Guillaume Riffaut)
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En juin 2005, Delphine Demont obtient à l’unanimité une bourse « Déclics Jeunes » de la Fondation de France, pour pouvoir développer son projet.
« Delphine commence la danse à quatre ans, ainsi que le piano. Issue d’une famille de littéraires et bonne élève, elle se dirige naturellement vers une classe préparatoire. Elle tombe malade et prend conscience de l’importance de la danse dans son épanouissement personnel. Entrée à l’université, elle décide de travailler sur les rapports entre expression littéraire et expression chorégraphique chez Théophile Gautier puis Paul Claudel. Elle suit également un cursus de perfectionnement en notation Laban au Conservatoire national supérieur de Paris. Cette notation permet de représenter les mouvements du corps sur une portée, de manière analogue à une partition musicale. Delphine conçoit l’idée novatrice de l’adapter pour les non-voyants, un projet soutenu par plusieurs associations ainsi que par la Ville de Paris.
La Bourse déclics jeunes lui permettra d’entamer la phase de recherche et d’expérimentation, pour ensuite proposer des cours de danse aux non-voyants. »
Source: www.fondationdefrance.netDernière modification: 03/03/2007